Atelier 8, article 4


© Dan Gallin : (from Attac : contre la dictature des marchés, Paris: VO éditions, 1999)
"Réinventer la politique du mouvement syndical"
by Dan Gallin(*)

L’ensemble des phénomènes que recouvre le concept de mondialisation (ou globalisation -les deux termes sont ici interchangeables) a changé notre paysage économique, social et politique à un tel point, et si vite, que nous avons dde la peine à intégrer ces changements dans notre réflexions.

Il est vrai que le capitalisme a toujours été international, et qu’à certaines époques cdette économie internatinoale à été encore plus ouverte qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais une économie internationale reste un assemblage d’économies nationales, reliées entre elles par des réseaux de commerce, d’investissement et de crédit. Ce qui prend forme aujourd’hui, c’est autre chose : c’est une économie globalement intégrée.

En tant que processus de transformation de la vie économique à la suite de l’introduction de technologies nouvelles, la globalisation est une réalité incontournable et irréversible. Il en va tout autrement en ce qui concerne ses conséquences sociales et politiques. En ce domaine, il n’y a rien d’inévitable ou d’irréverible. La question fondamentale est alors de savoir comment s’orgnaise le rapport de forces entre les intérêts représentés dans cette nouvelle société globale.

Les sociétés transnationales (STN) sont le fer de lance et en même temps les prinicipales bénéficiaires des transformations technologiques de cette dernière décennie. Il y en a à peu près 40 000 et, avec leurs 200 000 filiales, elles contrôlent 75% du commerce mondial en matière premières, produits manufacturés et services -en fait, sans doute plus, si l’on tient compte de leurs sous-traitants. Un tiers de ces èchanges commerciaux ont lieu à l’intérieur d’une même société, entre ses différentes unités, et échappent donc dans une large mesure au contrôle des gouvernements et des instances supranationales. Selon la Cnuced (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement), "la productioin internationale est devenue une caractéristique structurelle centrale de l’économie mondiale".

Empiètements sur la souveraineté nationale.

Le même rapport indique en outre que "la division traditionnelle entre intégration au niveau de l’entreprise et de la nation tend à disparaître. Les STN empiètent sur des domaines où la souveraineté et les responsabilités étaient traditionnellement le domaine réservé des gouvenements nationaux." Depuis l’effondrement du bloc soviétque, le pouvoir des sociétés transnatiionales est ainsi devenu véritablement global, par la colonisation économique et politique des États successeurs de l’URSS.

La destruction des emplois qui accompagne l’essor des STN n’est pas uniquement, et même pas principalement, due aux délocalisation. Elle résulte surtout des restructurations des entreprises sous la pression de la course au rendement, c’est-à-dire au profit maximum, dans le cadre de la globalisation. Les STN se renforecent en "dégraissant" et, chaque fois que l’une d’entre elles annonce des nouveaux licenciements, sa cote monre à la Bourse. Les contestataires sont peu nombreux. Le néolibéralisme a fini par faire admettre le "dégraissage" et la course au profit comme une loi de la nature.

Dans le même temps, nous constatons que l’incapacité de l’État à contrôler le capital dans le cadre de ses frontières par des mesures législatives ou d’autres mesures politiques conduit non seulement à l’affaiblissementh de l’État lui-même, mais à l’affaiblissement de toutes les tructures qui agissent dans le cadre national : les Parements, les partis politiques, les centrales syndicales. En d’autres termes, tous les intruments d’un contrôle démocratique potentiel ou réel.

Il ne faut pas en déduire pour autant que la lutte politique dans le cadre de l’État n’a plus de sens, sous prétexte que cette institution a un pouvoir limité. En revanche, il est clair que l’État ne viendra plus à la rescoursse du mouvement ouvrier, même quand ses alliés traditionnels sont au gouvernement. C’est en tout cas l’expérience des syndicats, à des degrés variables, en Espagne, en Italie, aux États-Unis, en Suède, en France, au Royaume-Uni avec le New Labour, et c’est l’expérience qui attend sans doute demain les syndicats allemands maintenant que la social-démocratie "light", dominée par Gerhard Schröder, a pris les choses en main.

La principale conséquence sociale de la mondialisation a été l’émergence d’un marché global du tgravail. Cela veut dire qu’à l’émergence d’un capital, les travialleurs de tous les pays, quel que soit leur degré de développement industriel ou leur système social, sont désormais en concurrence, dans tous les domaines de l’économie, avec un éventail de salaires de 1 à 50, ou plus.

Cette concurrence à la baisse a mis en mouvement une spirale descendante implacable qui se traduit par une détérioration des salaires et des conditions de travail, par la montée du chômage et de loa précarisation, le démantèlement des acquis sociaux et la croissance du secteur informel. Cette spirale descendante n’a pas de fond, si ce n’est le travail d’esclave. ...

Résumé :

Une économie internationale reste un assemblage d'économies nationales reliées par des réseaux de commerce, d'investissement et de crédit. C' est autre chose qui prend forme aujourd'hui: une économie globalement intégrée.

Il existe 40.000 entreprises transnationales, avec 200.000 filiales qui réalisent 75% du commerce mondial dont un tiers à l'intérieur d'une même société. Les STN empiètent sur le domaine réservé des gouvernements nationaux.Il y a affiblissement des états, mais aussi des structures politiques organisées dans un cadre national (Parlements, partis, syndicats).L'Etat national (même un gouvernement social-démocrate) ne viendra plus au secours du mouvement ouvrier.

La destruction des emplois procède des délocalisations mais aussi des restructurations. Sur le marché global, tous les travailleurs sont en concurrence avec un éventail des salaires de 1 à 50. D'où détérioration des conditions de travail, précarisation, montée du secteur informel et spirale conduisant au travail d'esclave.Les pays déetrminant les conditions au bas de l'échelle sont des régimes autoritaires actuels(Chine, Vietnam, Indonésie) ou anciens (Russie, Amérique latine) ou de rapports sociaux complexes et peu démocratiques (Inde, Mexique, Turquie).

La mondialisation actuelle ne concerne que le capital et le réseau politique à son service (traités multilatéraux et institutions supranationales). On peut imaginer un autre ordre mondial qui correspondrait aux intérêts de la société.

Le mouvement syndical reste peu organisé à ce niveau. La reconstruction d'après guerre et les Trente Glorieuses ont consolidé un modèle de paix sociale fondée sur les droits syndicaux et l'Etat Providence. La Guerre Froide fausse les priorités et freine les évolutions souhaitables des syndicats eux-mêmes. La CISL, plus important mouvement avec 125 millions d'adhérents, reste sans projet depuis la disparition du communisme. Les syndicats professionnels internationaux sont peut-être mieux équipés mais mal coordonnés. Que faire?

(*)Dan Gallin, est directeur du Global Labor Institute à Genève.

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