Une histoire qui fait l’Histoire : la mort
de maurice halbwachs
à Buchenwald
par Christian de Montlibert
Pour comprendre la fin tragique de Maurice Halbwachs -
une mort de sous alimentation et d’épuisement -, il y a 60 ans à la mi
mars 1945, au camp de Buchenwald, il est indispensable de confronter les
intérêts et les manières de travailler de ce savant aux représentations,
croyances, idées sur le monde de ceux qui le condamnèrent.
Pour ce faire il faut d’abord revenir sur les conditions sociales
de la formation de ses manières de penser, de voir et de faire. Maurice
Halbwachs est né en 1877 dans une famille d’intellectuels. Son père était
un professeur d’allemand réputé qui donnera à son fils une connaissance
approfondie de la langue et de la culture allemande. Cette famille est
d’orientation radicale socialiste, elle est aussi admirative des travaux
des ingénieurs et savants : Claude Bernard, Marcellin Berthelot, Pasteur
sont des noms vénérés comme sont admirés les noms de Charles Tellier qui, en
L’école ne fera que renforcer ces
apprentissages. 1876 - un an avant la naissance de Maurice Halbwachs, a vu la
victoire électorale des Républicains. La menace d’une restauration
monarchique et la concurrence de l’enseignement catholique obligent vite
les nouveaux élus à bâtir un projet de transformation de l’enseignement.
Jules Ferry dont les bibles étaient Condorcet, Auguste Comte et Stuart Mill va
s’en charger. Pour lui la transformation de l’enseignement et de
l’éducation permettront de « régénérer l’Humanité »
puisque philosophie positive, politique positive et religion de
l’Humanité contribuent à former la conscience sociale.[3]
Pour ce faire, la IIIème République
entreprend de transformer le réseau d’écoles, de lycées et
d’universités, hérité de l’époque napoléonienne et du second
Empire, en investissant des sommes considérables : le budget total de
l’instruction est en constante augmentation passant de 37 millions en
1875 à 133 millions en 1885, 197 millions en 1895, 230 millions en 1905 soit
une multiplication par 6 en 40 ans. Le jeune Halbwachs bénéficie de ces
investissements considérables qui permettent un encadrement de qualité (13.6
élèves par enseignant en 1886). Dans ces conditions, la reproduction sociale des
familles d’intellectuels se fait au mieux. Le jeune Maurice Halbwachs qui
habite maintenant Paris, près du Jardin du Luxembourg, fréquente le Lycée Henri
IV et y réussit aisément. Il est vrai qu’à cette époque 36 % des élèves
de ces établissements étaient des fils de professeurs (largement sur
représentés par rapport à la population parisienne). De cette enfance et
adolescence Maurice Halbwachs intériorise,comme nombre de ses condisciples ,
des schèmes de pensée qui le conduisent à s’intéresser à la philosophie,
au droit, à la science, aux mathématiques et à l’utilité sociale du
savoir dont il débat avec ses condisciples.
Il intègre bientôt l’Ecole
Normale Supérieure, se lie d’amitié avec François Simiand, Albert
Bourgin, Levy-Brulh. Il appartient à ce petit groupe de jeunes normaliens que
Lucien Herr va entraîner dans la bataille pour Dreyfus et dans la découverte du
socialisme. En 1898, le socialiste
Alexandre Millerand est président du Conseil et coopère avec la bourgeoisie
centriste, Jules Guesde est relégué dans l’ombre, Jean Jaurès
s’efforce de rassembler courants, tendances et partis socialistes pour
s’allier aux radicaux[4].
S’ il n’y a pas d’accord entre tous ceux qui parlent du
socialisme – Edouard Vaillant, Jean Allemane, Paul Brousse, Jules Guesde se
disputent sur la stratégie, les différences doctrinales, les propriétés des
représentants, la définition même du socialisme – le socialisme
n’en suscite pas moins des débats et des prises de position qui
passionnent les étudiants : les revues savantes publient de plus en
plus souvent des articles sur le socialisme et la question sociale. Durkheim
prononce son cours sur le socialiste en 1895-1896. Mauss donne des conférences
sur l’action socialiste et intervient en 1900 au congrès des coopératives
socialistes[5]. Dans ce contexte Maurice
Halbwachs participe à la rédaction des notes critiques de science sociale
et avec Jean Perrin, Hubert Bourgin, Henri Levy Brulh et François
Simiand fonde le groupe « unité socialiste ». Tous sont parti
prenante dans l’affaire Dreyfus. Maurice Halbwachs rejoint vite, derrière
Lucien Herr, le camp de Zola qui, le 13 janvier
Dans ces conditions Maurice Halbwachs décide
d’abandonner les études philosophiques et envisage une carrière de
chercheur en sciences sociales. Pour le comprendre il faut savoir que la IIIème
République a aussi entrepris de moderniser l’enseignement supérieur[8].
Pour répondre à l’avancée des établissements catholiques
d’enseignement supérieur dont l’objectif politique était de former
une élite capable de lutter à armes intellectuelles égales pour
l’obtention des postes les plus élevés avec les élèves des lycées, une
élite hostile à la république et surtout à même de préparer une restauration
monarchique, l’Assemblée Nationale a voté une loi qui favorise
l’enseignement supérieur en créant des universités avec une autonomie de
gestion, en permettant aux facultés d’élire leur doyen, en multipliant
les postes d’enseignant, en modifiant radicalement les critères
d’accession à l’enseignement supérieur par une valorisation du
travail scientifique. Cette reforme organisée par Gréart et Louis Liard
(soutenus par le groupe très actif de La société d’enseignement
supérieur) permet l’apparition, au sein du « paradigme lettré »
de l’Université traditionnelle, des nouvelles disciplines dont les sciences
sociales. Il s’agit surtout de répondre à la création de l’Ecole
libre des sciences Politiques qui allie des enseignements consacrés au
libéralisme et des cours inspirés par une volonté de réforme sociale fortement
imprégnée de la doctrine de l’Eglise. Durkheim est d’ailleurs
pressé de répondre à cet enseignement (son cours « Education et sociologie
« est largement construit en opposition à celui de Henri Charles de
Gaulle, le père du général ,qui traite de l’histoire des doctrines
pédagogiques). Cette réforme a des effets considérables et transforme le modèle
qui voulait que les normaliens fussent professeurs de Lycée en un modèle ou
l’accès au supérieur devient normal au titre des voies professionnelles
les plus probables. Elle autorise aussi des thématiques, des méthodes
totalement nouvelles en transformant les critères d’excellence[9].
Enfin, elle permet l’élaboration
d’une conception du rôle social et politique des universitaires qui
autorise Durkheim à déclarer que la sociologie ne vaudrait pas une heure de
peine si elle n’avait une utilité sociale.
Le jeune Halbwachs en prend quelque peu à son aise
avec la carrière institutionnalisée [10]:
il suit les cours de Durkheim, se passionne pour les questions sociales et
l’économie politique. Après une année d’enseignement à Constantine
puis à Montpellier il obtient un poste de lecteur à Gottingen, travaille sur
des manuscrits de Leibnitz et passe la plus grande partie de son temps à
discuter d’économie politique et du conflit qui oppose Bebel encore
partisan d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme et Bernstein
partisan d’aménagements successifs. De retour à Paris il s’inscrit
en thèse de droit, demande un rendez-vous à Durkheim et commence à travailler
pour l’Année sociologique. Il mène ses travaux sur l’expropriation
et le prix des terrains à Paris (1880-1900) dans lesquels il montre que la
loi de l’offre et de la demande est inopérante pour expliquer la
spéculation. Ce travail lui vaut d’être reçu par Jaurès (le parti
socialiste éditera à partir du texte d’Halbwachs une petite brochure
contre la spéculation). Halbwachs
enseigne ensuite dans un lycée de Reims puis en 1909 retourne en Allemagne où
il étudie l’économie politique et le marxisme qu’il découvre
dans les travaux de Kautsky qui s’oppose à son tour Bernstein. Il est
alors expulsé de Prusse pour avoir publié dans l’Humanité, où Mauss tient
une rubrique, un article sur la répression policière d’une grève
ouvrière. Entre 1909 et 1914, il publie de nombreux articles sur la psychologie
de l’ouvrier moderne, la ville capitaliste, la position sociologique des
classes et sa thèse la classe ouvrière et les niveaux de vie. Novateur
en sociologie il s’intéresse aux classes sociales, à la stratification, et
surtout aux modes de vie ouvriers en se basant sur des observations directes.
Il conduit une véritable enquête ethnographique sur l’existence
quotidienne des ouvriers des faubourgs parisiens. On comprend que cela choque
la Sorbonne traditionaliste et qu’il ait fallu la mobilisation de tous
les durkheimiens pour lui permettre de soutenir son doctorat.
En espérant devenir professeur de sociologie et en
pratiquant une sociologie très marquée par l’économie politique et
le travail de terrain Maurice Halbwachs
n’a pas choisi la facilité[11].
Il faut savoir que les sociologues ont à l’époque, un âge de soutenance
du doctorat, d’accès au poste de Maître de Conférences, d’accès à
un poste de professeur systématiquement plus élevé que dans les autres
disciplines (près de 8 ans après les autres et souvent dans un statut
universitaire provincial)[12].
Si certains peuvent se placer dans un institut d’érudition parisien
(Mauss à l’école des Hautes Etudes) c’est dans une institution
marginale qui, à l’époque, n’offre pas de carrière. De plus les
sciences sociales sont mal dotées : il n’y a ni laboratoire ni
bibliothèque spécialisée. Pire entre 1920 et 1950 le nombre
d’enseignements des sciences sociales stagne (alors que la
psychologie quadruple). Néanmoins Maurice Halbwachs persévère. Il est comme l’a dit Lucien
Febvre, « toujours possédé par quelque nouvelle passion intellectuelle
qu’il nous exposait avec cette sorte d’enthousiasme sans fracas qui
était précisément sa marque ». Les risques, Maurice Halbwachs les accepte tranquillement. Sachant ce
qu’il en était de l’antisémitisme le plus virulent n’a-t-il
pas épousé, en 1913, Yvonne Basch, la fille d’un professeur de
philosophie, intellectuel juif très respecté, futur président de la ligue des
droits de l’homme.
En 1914, trop myope pour être envoyé au front, il
rejoint Albert Thomas, le socialiste, ancien comme lui de Normale Supérieure,
devenu un homme politique de premier plan et nommé ministre de l’armement
du ministère de « l’Union Sacrée » (après l’assassinat de
Jean Jaurès). Durant les trois années du ministère Thomas, Maurice Halbwachs travaille avec ses anciens condisciples que
le ministre réunit autour de lui. Thomas, dès 1910, est devenu partisan des
nationalisations. Il introduisit dans toutes les usines d’Etat un système
de commissions d’arbitrage mixtes et de délégués d’atelier[13]
il soutenait que les travailleurs devaient avoir leur mot à dire dans
l’organisation de la production, la fixation des taux de rémunération, la
détermination des conditions de travail ce qui ne pouvait que satisfaire Maurice Halbwachs qui, en bon durkheimien,
savait bien que la « guerre des classes » était crée par
l’anomie dans laquelle l’absence de droits, le montant des
salaires, la violence des conditions de travail et le morcellement des actes de
travail jouaient un rôle déterminant. N’est ce pas lui qui dira des
ouvriers « que dans la mesure où ils entrent en contact avec les choses,
ces hommes sont contraints d’oublier leurs semblables » ainsi
deviennent-ils « une masse mécanique et inerte »[14].
A Roanne, Albert Thomas et son équipe, dans la nouvelle usine d’armement
crée par l’Etat, s’efforceront même de faire participer les
travailleurs à la gestion. Bien que les positions de Thomas, en fin de compte,
aient été très mesurées et même ambiguës (n’a t-il pas contribué à la
mise en place du taylorisme dont Maurice Halbwachs critiquera les effets,
anticipant ainsi les analyses de Georges
Friedmann) on comprend au vu de ses initiatives en faveur des ouvriers que
cette équipe ait été affublée de l’étiquette de «
bolchevique ».
Maurice Halbwachs avait
d’ailleurs déjà été critiqué pour ses positions jugées trop socialistes
par Lapie et Bouglé qui avaient fait pression sur Durkheim pour qu’il
supprime la rubrique de sociologie économique dans l’Année
sociologique ce qu’il avait refusé. En 1917, Thomas quitte le
ministère de l’armement. Durant cette année, Maurice Halbwachs a sans
doute beaucoup discuté de la situation avec sa sœur Suzanne militante du
pacifisme et de l’internationalisme, comme nombre
d’enseignantes, et avec son beau
père qui était partisan d’une paix avec l’Allemagne et qui, un peu
plus tard, critiquera fermement le traité de Versailles au nom de ses effets
négatifs pour l’Allemagne.
Après la guerre Maurice Halbwachs
est nommé professeur à Strasbourg ; il y reste jusqu’en 1935
date de sa nomination à la Sorbonne. Cette période est une des plus féconde de
sa vie. Il contribue à la diffusion en France de la sociologie de Max Weber en
publiant un article important, en 1925, sur « les origines puritaines du
capitalisme » dans la Revue d’histoire et de philosophie
religieuse, il multiplie dans la tradition de l’Année Sociologique
les compte rendus d’ouvrages[15] ;
il mène des études originales, je pense en particulier à tout ce qui dans « les
cadres sociaux de la mémoire »[16]
traite de la légitimation des hiérarchies sociales annonçant par bien des
points le travail de Bourdieu sur le capital symbolique, mais aussi à la psychologie
collective du raisonnement[17]t, étude dans
laquelle Halbwachs, allant bien plus loin que l’article de Mauss et de
Durkheim sur les classifications primitives, présente les modes de raisonnement
comme produit de groupes particuliers, affirmant que la production de
connaissances dépend aussi des structurations sociales de la communauté
scientifique, jetant, en quelque sorte, les bases d’une sociologie de la
science.
Là encore on ne comprendrait pas la créativité de
cette période si l’on n’y voyait des effets propres à
l’université de Strasbourg. Pour se maintenir à la hauteur et même
dépasser les investissements allemands, l’Etat français dote
l’Université de Strasbourg de moyens assez considérables. Elle devient la
seconde université française. Elle est le lieu de rencontre de Lucien Febvre,
de Marc Bloch, de Charles Blondel, de Georges Lefebvre et bien d’autres.
Strasbourg est devenu le foyer du renouveau et du rayonnement des sciences
sociales et humaines. Mais on ne comprendrait pas plus la créativité de Maurice
Halbwachs si l’on oubliait ses convictions socialistes (Maurice Halbwachs
a toujours sa carte du parti) qui le portent à rédiger de nombreux rapports
pour le Bureau International du travail, à s’intéresser au problème des
migrations (ce qui le conduira à Chicago où il séjournera), à publier de nombreuses
notes sur l’Union Soviétique dans les Annales d’histoire
(sur Lénine et sur Staline entre autres). Sa connaissance de l’allemand
lui permet de partager, jusqu’en 1930, les activités du centre
d’Etudes Germaniques : il donne des conférences à Mayence, se montre
actif aux rencontres franco allemande de Davos de 1928 à 1931, et développe une
critique très vive des orientations de la sociologie en Allemagne (en
dehors de Weber qu’il apprécie), qui se transforme en rupture après le
ralliement de nombre de sociologues aux thèses nazies.
Halbwachs, en effet, a lu les sociologues allemands. Il a publié de
nombreuses recensions de leurs livres. Il s’est attaché a Sombart et
découvre avec que cet auteur développe
de plus en plus des prises de positions qu’il ne peut
accepter. Sombart s’en prend à la sociologie occidentale et critique
avec haine la sociologie française (sous entendue durkheimienne)[18]
à qui il reproche son naturalisme, sa recherche de lois mécanistes, son souci
de mathématisation et de quantification (Heidegger qui prononce son discours
avec le brassard nazi s’en prendra aussi avec rage à la quantification et
à la « moyennisation »)[19].
Cette sociologue française,dépréciée pour son
rationalisme, est bien sur incapable d’accéder à
« l’essence » des phénomènes et s’oppose en tout à un
humanisme allemand glorifié. Les sociologues, dont Sombart, applaudissent
l’arrivée au pouvoir des nazis, ils y voient une chance pour la
sociologie grâce aux notions de « communauté » et « de
peuple », grâce aussi aux nombreux instituts, que créent les nazis.
Maurice Halbwachs a vite compris que cette sociologie se définit par simple
inversion des propriétés de ses adversaires : francophiles, juifs,
progressistes, démocrates, rationalistes, socialistes, cosmopolites,… » ;
la sociologie allemande ne sera pas tout cela mais strictement son contraire
comme le dit Franz Böhm un des sociologues partisans de la « sociologie
allemande »[20]. Cette théorie de
« la communauté du peuple allemand » prend partie contre « la
désintégration » de la culture européenne c'est-à-dire contre la laïcisation, l’urbanisation, le
développement d’une conception technologique de la connaissance,
l’individualisme et la disparition de la « communauté
traditionnelle »[21].
Maurice Halbwachs sait bien qu’elle
s’inspire de nombreux auteurs dont Spengler qui dans le « Déclin
de l’occident » a dénoncé « les théories plébéiennes du
rationalisme, du libéralisme et du socialisme », exalté les
« catégories naturelles » qui distinguent « le fort du
faible », affirmé l’existence « d’un ordre hiérarchique
naturel ». Pour lui le retour au droit naturel se fond dans
l’idéalisation d’un retour à la nature identifié aux relations
patriarcales du monde paysan. Ces thèses , il les retrouve, déformées par
l’outrance certes, mais bien présentes dans les proclamations
d’Hitler. Halbwachs a écouté ces discours et sait combien cette pensée
contient non seulement de négation de la raison et de la science, de
valorisation de l’irrationnel, d’idéalisation d’un passé mythifié,mais aussi de haine à
l’encontre de la démocratie, des syndicats ouvriers, du capitalisme
industriel et plus généralement de la civilisation moderne. Lui qui a écrit sur
les « migrations » ne peut accepter la mystique du sang et du
sol ; en sociologue au fait des travaux de Weber, il ne peut accepter de
considérer « le peuple allemand uni derrière des chefs nazis »
comme « une communauté de foi et de combat unie en esprit et en
volonté ».
On conçoit qu’il soit indigné des déclarations
contre le marxisme, contre les communistes, contre les juifs transformés en
« parasites qui se nourrissent du corps d’autres peuples »,
contre « le judéo bolchevisme » qui s’est emparé de la Russie,
contre le prolétariat urbain. Il devine les dangers cachés dans cette volonté
de conquête d’un « espace vital » à l’Est. Il pressent
les crimes en puissance lorsqu’il lit que Hitler a déclaré qu’un
« gouvernement conscient aurait exposé à l’action des gaz toxiques
quelques 10 ou 15 000 de ces hébreux corrupteurs du peuple, ces gaz que
des centaines de milliers de travailleurs, bons allemands, avaient du respirer sur le champ de bataille »[22].
Conscient de la situation Maurice
Halbwachs prend position. Dès 1933 il publie un court texte sur la
« population juive en Allemagne » ; en 1937, 3 pages toujours
dans les Annales d’Histoire consacrées aux « finances du
national socialisme » ; en 1939, un texte sur « les politiques
de l’hygiène et l’Etat totalitaire ».
Il est vrai que Maurice Halbwachs retrouve ces
thématiques en France dans nombre d’ouvrages,d’articles, de
déclarations, toutes hostiles à la sociologie qu’il a entrepris de mener
et d’enseigner. Ses adversaires expriment de plus en plus ouvertement des
jugements racistes et antisémites. Maurice Halbwachs s’indique
lorsqu’il lit, en 1932, l’ouvrage de G. Mauco « les
étrangers en France : leur rôle dans l’activité économique »
(Mauco sera conseiller en démographie à Vichy) qui affirme qu’il y a
danger « à ce que des éléments physiquement inférieurs ou trop différents
ethniquement abâtardissent la race » et ajoute « non moins
pernicieuse est la déliquescence morale de certains levantins, arméniens,
grecs, juifs et autres métèques négociants ou trafiquants ». Il partage en
cela les positions de Lucien Febvre qui, en 1936, critiquait fermement la
notion de race, dénonçant « ce mythe romantique d’une histoire
raciale » y voyant « une opinion dangereuse ».
« C’est la haine qui l’a engendrée et elle engendre la
haine » ajoutait-il pour conclure : « purifier la race,
accélérer ou ralentir la cadence des naissances, le rythme des naissances.
Mais où prennent-ils la Race, où prennent-ils l’Espèce, ces meneurs de
jeu à l’ignorance encyclopédique »[23].
Tous les travaux démographiques de Maurice Halbwachs montrent qu’il a
toujours, comme son ami L. Febvre, critiqué le biologisme et toutes les notions
qui lui étaient liées (optimisme, équilibre, bien être, régularités naturelles,
dégénérescence, régénération, instinct génésique…). Faut-il ajouter que
sa critique ne prend pas la forme d’une dénonciation mais porte
immédiatement sur les concepts et les méthodes ; c’est une critique
d’intellectuel qui porte sur l’essentiel : les opérations
cognitives qui s’efforcent de légitimer le naturalisme biologisant !
De nouveau à Paris en 1936 (Halbwachs n’avait
pas apprécié que Strasbourg devienne la plaque tournante de la distribution en
France de la littérature antisémite allemande)[24]
il suit avec passion les événements du Front Populaire. Il avait beaucoup
de considération pour Léon Blum qu’il admirait d’afficher sa
judéité dans le climat politique tendu à l’époque. On peut penser que les
discussions se poursuivaient avec son épouse qui, quelque temps plus tard,
soutiendra les républicains espagnols en guerre contre les troupes de Franco
puis militera pour l’accueil des réfugiés, avec son beau père Victor
Basch, président de la Ligue des Droits de l’Homme, qui critique la
situation faite aux étrangers et aux juifs dans une lettre ouverte au Président
du Conseil dénonce « les expulsions et refoulements à la frontière »[25].
Il est vrai que depuis 1932 la situation des étrangers en France empire.
Halbwachs - après ce qu’il avait écrit sur les migrations - (anticipant
là encore les travaux majeurs d’Abdelmalek Sayad) – ne pouvait
accepter la loi du Cabinet Herriot qui limitait la proportion d’étrangers
dans certains secteurs de l’activité professionnelle (ainsi un orchestre
de balalaïkas, comme l’a raconté Nina Berberova, ne pouvait pas employer
plus de 15 % de musiciens russes), les mesures prises par le Cabinet Flandin en
1934 qui autorisaient l’expulsion par la force des étrangers sans papiers
(dans les 4 premiers mois de 1935, 3000 furent expulsés), la politique du gouvernement Laval, en 1936 qui prévoit des
peines d’emprisonnement pour les étrangers sans papiers qui refusaient de
quitter la France et devenaient clandestins. Le Front populaire fut une
accalmie mais Maurice Halbwachs retrouva sa colère, en mai 1938, lorsque le
gouvernement Daladier promulgua un décret qui interdisait l’entrée des
étrangers, renforçait les contrôles et facilitait les expulsions ; mieux,
dans l’article 11, le Ministre de l’intérieur était autorisé à
assigner à résidence les étrangers inexpulsables et à instaurer un système de
fiches pour répertorier les étrangers.
Parmi ceux-ci les juifs, chassés d’Allemagne et
d’Europe centrale par la politique nazie et les politiques antisémites
des gouvernements locaux, étaient de plus en plus nombreux. La répression
contre les étrangers devenait de plus en plus anti juive. En 1938 Rossi, le
député de Colmar proposa un numerus clausus à appliquer aux juifs et le
justifia « pour empêcher que l’antisémitisme déjà extrêmement fort
en Alsace ne prenne des proportions tellement puissantes qu’il imposera
contre les Israélites des excès »[26].
Les attaques ad hominem contre Léon Blum devenaient sordides… Stanislas
Fumet, représentant en vue du catholicisme libéral en venait à déclarer
« que les nations sont fondées à se défendre d’un pourcentage
excessif d’israélites dans les postes élevés d’un pays » en
particulier « quand Léon Blum fait appel pour constituer son ministère à
une participation disproportionnées de l’élément juif »[27].
Ainsi progressivement antisémitisme, antibolchévisme
et antisociologisme se relient et fondent une politique de haine de la
sociologie que le gouvernement de Vichy institutionnalisera. Halbwachs avait en
effet bien des raisons de s’inquiéter : c’est sa manière même
de faire de la sociologie qui, maintenant, est mise en cause. On sait que les
représentants des mouvements conservateurs s’en prennent à la sociologie
depuis la fin du XIX ème siècle. Défenseurs d’une « bonne
éducation », partisans de l’enseignement libre, continuateurs du
paternalisme moralisateur de Le Play, experts en biologisation du social et
défenseurs des « dons naturels », adeptes d’une
« sacralisation du latin » contre « l’esprit
primaire », tous se sont alliés pour attaquer la sociologie durkheimienne
à qui ils reprochent d’avoir sapé les fondements de l’ordre moral
en insistant sur le caractère arbitraire et historique des formes sociales et
des institutions[28]. Regroupés au sein du
cercle Fustel de Coulanges présidé par Henri Massis qui, avec Alfred de Tarde,
sous le pseudonyme d’Agathon, s’en est déjà pris, en 1913, à la
sociologie de Durkheim[29],
ils veulent reconstruire un « ordre des mœurs » et remettent en
cause l’école unique, la philosophie primaire et la démocratie (« la
démocratie voilà l’ennemi » était leur slogan). Ils veulent éliminer
une sociologie qui s’en prend à la religion, à la hiérarchie familiale
« naturelle » et à la prééminence de la famille sur l’Ecole[30].
Ils ne supportent pas que la sociologie mettent en cause
« l’éternité et l’essence de la famille et de la
religion ». A leur coté se trouvent les membres de l’Action
Française qui trouvent Durkheim trop féministe et ne supportent pas qu’il
ait pu critiquer l’imposition d’un ordre masculin. La question
scolaire féminine est devenue un enjeu considérable avec les réformes de
l’enseignement favorable aux filles que Jean Zay a initiées, auxquelles
Maurice Halbwachs a applaudi. Comment pourrait-il admettre que Abel Bonnard,
qui sera ministre de l’éducation de Pétain, puisse proclamer « la
philosophie (de Durkheim) école de l’esprit critique n’a épargné ni
la religion, ni la famille, ni la patrie, ni l’autorité… Les jeunes
agrégées de nos collèges féminins apportent une ardeur presque sadique à ce
travail de destruction. Elles commentent Gide, Marcel Proust, les romans les
plus audacieux, elle donnent des avis troublants sur le freudisme, la
sexualité, l’union libre »[31]
et que l’inspecteur Hanry ajoute qu’il faille « remettre
au pas les sociologues, les juifs (mais la sociologie n’est elle pas une
philosophie facile qui enchante les Israélites…) les femmes et les
primaires ». En somme ce que Maurice Halbwachs entend de plus en plus
fortement c’est que la connaissance rationnelle du monde social ne doit
pas exister ou doit se limiter à un savoir d’expert qui n’a pas à
poser de questions et doit aider les « réformes » pour mieux
perpétuer les formes « traditionnelles » des dominations. Pire ne
répète t’on pas depuis 1912 (le livre de Lasserre en faveur des
humanistes classiques) que la sociologie « ne semblera t’elle
pas… comment dire… un peu kasher ? ». Construite autour
« du dieu des nègres », pour des lecteurs « hystériques »
(mais les juifs et les femmes n’ont-ils pas une vulnérabilité aux
maladies mentales)[32]
on comprend que Lucien Rebatet, le rédacteur en chef de Je suis partout, journal de l’extrême droite antisémite, ait
pu, en 1939, avant la défaite militaire française, recommander l’autodafé
de livres de sociologie dont ceux de Durkheim,
Levy Bruhl et de leurs disciples, ce que, d’une certaine façon, en
1943, la police anti juive de Darquier de Pellepoix réalisera en explorant
toutes les librairies pour interdire à la vente les ouvrages des auteurs juifs.
Il est vrai que les éditeurs dès 1941 ont pris les devants et ont retiré ces
livres de leur catalogue[33].
Halbwachs sait bien qu’en Allemagne la situation
empire d’année en année. Il a vu avec inquiétude, dès février 1933, la
chasse au Gesamtmarxismus incarné par les communistes, dès Avril, les
premières mesures contre les juifs. Il est atterré d’apprendre que le 10
mai les nazis ont brûlé les livres des judéo-bolchéviques. En 1935 retrouvant
sa colère contre les élucubrations de socio-biologie qu’il a tant
combattues dans ses études démographiques, il apprend la promulgation des lois
de Nuremberg qui accordent la « préférence nationale » aux citoyens
de sang allemand et veulent protéger la race aryenne en interdisant les
mariages et les relations sexuelles entre juif et non juif. Il s’agit
d’éviter « la contamination raciale » au nom de la
« protection du sang et de l’honneur allemand ». En janvier
1938, il découvre, horrifié, « la nuit de cristal » au cours de
laquelle, d’après les rapports officiels, 191 synagogues furent
incendiées et 76 totalement détruites, 11 centres communautaires et chapelles
de cimetière rendus inutilisables, 815
boutiques , 171 maisons, 29 grands magasins, 75000 commerces pillés et au moins 36 personnes tuées et 40
grièvement blessées[34].
La défaite de 1940, malgré la défense héroïque des
soldats, la prise du pouvoir par Pétain, les premières mesures contre les juifs
et les apatrides le 22 juillet 1940, 12 jours seulement après que le maréchal
ait été investi de tous les pouvoirs, la
préférence nationale mise en place le 17 juillet, la suppression de la loi
Marchandeau qui interdisait les attaques antisémites dans la presse et à la
radio, la loi du 4 octobre 1940 portant sur les ressortissants étrangers de
race juive et autorisant à les assigner en résidence et à les enfermer dans des
camps spéciaux, ne pouvaient que révolter un peu plus Maurice Halbwachs.
D’autant que les notions si confuses qu’il avait tant critiqué
devenaient maintenant des critères officiels bénéficiant de l’autorité de
l’Etat. La pseudo sociobiologie d’Alexis Carrel est en effet promue
science de l’Etat. Alexis Carrel qui a
écrit sur la dégénérescence y voyant une menace pour des « meilleurs
éléments de la race », qui affirme que les femmes doivent être soumises
« aux lois naturelles » et donc « faire des enfants et les
élever », qui s’interroge sur la nécessité de « conserver les
êtres inutiles et nuisibles, les déficients, anormaux criminels » et
propose de « conditionner par le fouet les moins dangereux » et de
créer un « établissement euthanasique pourvu de gaz approprié pour les
autres » devient Régent de la Fondation française pour l’étude des
problèmes humains[35].
Cette fondation avait été créée au départ pour étendre aux « problèmes de
l’homme » les modèles rationalisateurs proposés par les différents
experts. Carrel y avait déjà dénoncé la sociologie : « rien ne relève
des situations sociales » écrivait-il pour affirmer aussitôt que « tout
est pouvoir sur soi même »[36].
La rééducation morale qu’il attendait, comme toutes les forces
concentrées à Vichy, ne pouvait être que régénération biologique. Au sein de la
Fondation est vite crée (sur le modèle de l’ institut nazi ) un département de Biologie de la population
qui veut traiter de l’immigration pour déterminer « quels sont les
immigrants dont la présence peut être jugée désirable » et faire le tri
entre les « souches saines et les autres ». Cette Fondation soutient
sans réserve les travaux de George Montandon Directeur de l’Institut
d’études sur les questions juives et éthnoraciales, qui publie dans
l’Ethnie Française des articles
racistes haineux à l’encontre de la sociologie durkheimienne ; elle
soutient aussi René Martial, fondateur d’un cours d’Anthropologie
de la race à la Faculté de Médecine de Paris, nommé membre directeur de
l’Institut d’anthroposociologie fondé par Darquier de Pellepoix,
qui affirme que la France est devenue, avec l’immigration juive,
« un dépotoir humain ». Martial et Darquier diffusent leurs thèses à la radio, tous les
lundi et vendredi, à l’heure du déjeuner[37].
La mise à l’écart de l’Université des
collègues israélites révolte Maurice Halbwachs comme les pratiques et
déclarations collaborationnistes de certains de ses collègues. Ses lettres et
ses interventions dans les instances universitaires n’ont pas
empêché la création par Abel Bonnard
d’une chaire d’Histoire du Judaïsme confiée à un antisémite notoire
mais ont peut être freiné la mise en place d’une chaire d’études
raciales. Que les syndicats soient supprimés, que soit mise en place la levée
d’un tribut sur l’économie, que de nombreux industriels et
banquiers espèrent profiter de la collaboration pour s’allier au
capitalisme allemand et s’approprier les biens juifs[38],
qu’en 1942 Sauckel qui dirige l’économie esclavagiste du IIIème
Reich prélève dans tous les territoires occupés des masses d’hommes
contraints à travailler comme forçats pour l’économie de guerre nazie,que
les rafles de juifs soient de plus en plus fréquentes , Maurice Halbwachs ne
peut pas l’accepter. Mais
c’est maintenant sa famille qui est visée : l’assassinat
abominable de son beau père Victor Basch(qui a fait parti du premier Comité
directeur du Front national de Libération ) et de sa belle mère par les bandes
de Touvier l’amène à réclamer une enquête officielle[39].
Le soutien qu’il apporte à ses fils engagés dans des réseaux de
résistance le rend suspect. Dès lors, tout se précipite. Il est arrêté le 23
juillet 1944 sous l’inculpation d’avoir donné asile et protection à
son fils Pierre qui a été arrêté quelques jours plus tôt. La gestapo n’a
pas découvert qu’il appartenait à un réseau de résistance. Grâce à son
sang froid - il retient les policiers - madame Halbwachs peut s’échapper
de justesse. Incarné à Fresnes il est bientôt déporté à Buchenwald. Là il est
envoyé travailler à la carrière, cette invention des SS chargés des camps qui
voulaient extraire les pierres qui serviraient à construire les bâtiments
officiels du millénaire nazi[40].Il
participe pourtant à la vie du camp : « nous savons ,écrit G.
Canguilhem,qu à Buchenwald il a mis son intelligence et son cœur,son
savoir et son dévouement ,au service de ses camarades,qu’il a participé à
la vie intellectuelle du camp,qu’il a donné quelques conférences,
notamment sur Marx, sur la natalité allemande dont la baisse incontestable
était bien connue du spécialiste des questions de démographie qu’il était ».[41]
Il meurt d’épuisement le 16 mars 1945.
Tout montre que Maurice Halbwachs a été assassiné
parce qu’il adhérait à la philosophie rationaliste de la connaissance
héritée du cartésianisme et des Lumières parce qu’il avait été
dreyfusard et avait toujours refusé l’antisémitisme, parce qu’il
avait mis ses connaissances au service d’un droit protégeant les
solidarités collectives contre les menaces des forces économiques capitalistes,
parce qu’il savait mieux que quiconque après ses travaux sociologiques et
démographiques que les migrations de travail deviennent toujours des immigrations
de peuplement et ne menacent en rien une « race » imaginaire pure et
supérieure, parce qu’il savait tout ce que les hiérarchies sociales
ont d’arbitraire, parce qu’il considérait que la sociologie en
Allemagne empêtrée qu’elle était dans un vague romantisme et une
condamnation des formes sociales contemporaines faisait fausse route, parce
qu’il avait pensé la sociologie comme une connaissance opposée à la
soumission et à l’enrôlement dans les rangs d’une idéologie
conservatrice, parce qu’il s’était engagé dans une entreprise
scientifique qui, comme l’a écrit Pierre Bourdieu « mettait les
armes de la raison au service des conditions de la générosité »[42],
parce que, tout simplement, il pratiquait une sociologie ayant une ambition de
tolérance et d’émancipation qui dérangeait et suscitait la haine- comme
elle le fait encore aujourd’hui,- de tous les propagandistes des
mystifications et mythifications de l’Ordre.
Offerlé M. Le
nombre de voix ; lecteurs, partis et électorats socialistes à la fin du
XIXème siècle en France. Acte Recherche Sciences Sociales. 1988, N°
71-72, pp. 6 – 21.
Mauss M. Ecrits
Politiques. Textes réunis et présentés par Marcel Fournier, Paris, Fayard,
1997.
[1]
Reberioux M. La république radicale ?
1898 – 1914. Paris, éd. Seuil, 1975.
Durkheim E.Textes,1.éléments
d’une théorie sociale. Paris, Minuit, 1975.Baumont M. Essor
industriel et impérialisme colonial (1878-1905). Paris, Alcan, 1938.
Seignobos Ch.
L’évolution de la 3ème république. 1875-
Karady V. Les
professeurs de la République ; le marché scolaire, les réformes
universitaires et les transformations de la fonction professorale à la fin du
XIXème siècle. Actes Recherche Sciences Sociales. 1983, N° 47-48, pp.
90-113.
[1] Baumont M. Essor industriel et impérialisme colonial (1878-1905). Paris, Alcan, 1938.
[2] Seignobos Ch. L’évolution de la 3ème république.
1875-
[3] Karady V. Les professeurs de la République ; le marché scolaire, les réformes universitaires et les transformations de la fonction professorale à la fin du XIXème siècle. Actes Recherche Sciences Sociales. 1983, N° 47-48, pp. 90-113.
[4] Offerlé M. Le nombre de voix ; lecteurs, partis et électorats socialistes à la fin du XIXème siècle en France. Acte Recherche Sciences Sociales. 1988, N° 71-72, pp. 6 – 21.
[5] Mauss M. Ecrits Politiques. Textes réunis et présentés par Marcel Fournier, Paris, Fayard, 1997.
[6] Reberioux M. La république radicale ? 1898 – 1914. Paris, éd. Seuil, 1975.
[7] Durkheim E.Textes,1.éléments d’une théorie sociale. Paris, Minuit, 1975.
[8] Charle Ch. Le champ universitaire parisien à la fin du 19e siècle. Actes Recherche Sciences Sociales 1983. N° 47-48.
[9] Charle Ch. Op. cit.
[10] Karady V. biographie de maurice halbwachs in Classes sociales et morphologie . Paris,Minuit , 1972.
[11] Heilbron J. Les métamorphoses du durkheimisme. 1920-1940. Revue française de sociologie. 1985, XXVI, pp 203-237.
[12] Karady V. Les sociologues avant 1950.Regards sociologiques. 2001,n°22,pp 5-22.
[13] Kuisel R.F. Le capitalisme et l’Etat en France. Modernisation et dirigisme au XXe siècle. Paris, NRF-Gallimard, 1984.
[14] Halbwachs M. Matière et société. In Classes sociales et morphologie. Op . cit.
[15] Müller B. Critique bibliographique et stratégie disciplinaire dans la sociologie durkheimienne.Regards sociologiques .1993,n°5,pp9-23.
[16] Halbwachs M. Les cadres sociaux de la mémoire. Paris,Albin Michel, 1994,(1ère édition 1925)
[17] Halbwachs M. La psychologie collective du raisonnement . in Classes sociales et morphologie. Op. cit.
[18] Rammstedt O. A propos de la constitution d’une « sociologie allemande » ; théorie et empirisme dans la détection de l’ennemi du peuple. Regards sociologiques 1995, N° 5, pp 35-54.
[19] Bourdieu P. L’ontologie politique de Martin Heidegger. Paris, Minuit, 1988.
[20] Rammstedt O. op.cit.
[21] Rammstedt remarque que les soi-disant retraits, vers 1936-1937, d’un certain nombre de sociologues n’étaient pas pour autant des « renvois vers des niches-refuges » ni une forme d’« émigration intérieure » mais bien le résultat « d’une sorte de division du travail « organisant l’efficacité de cette pensée nazie.
[22] Mayer A.J. La « solution finale » dans l’histoire. Paris, la Découverte, 2002. Préface de P. Vidal-Naquet.
[23] Cite par Remi Lenoir . Halbwachs sociologue ou démographe in Maurice Halbwachs 1877-1945 Strasbourg, P.U.S, 1997.
[24] Marrus M.R., Paxton R.O. Vichy et les juifs. Paris, Calmann Levy, 1981.
[25] Naquet E.Victor Basch et la Ligue des Droits de l’Homme. Itinéraire d’ un dreyfusard politique( 1898-1940)in Basch Fr.,Crips L.,Gruson P. (ed.) Victor Basch 1863 1944,un intellectuel cosmopolite. Paris, Berg international ,2000.
[26] Marrus M.R., Paxton R.O. op. cit.
[27] Marrus M.R., Paxton R.O. op. cit.
[28] Muel Dreyfus F. Vichy et l’éternel féminin. Paris, Seuil, 1996.
[29] Shapiro G. Défense et illustration de l’honnête homme. Les hommes de lettre contre la sociologie. Actes Recherche Sciences Sociales. 2004, N° 153, pp 11-27.
[30] Serry H. Saint Thomas sociologue ? Les enjeux cléricaux d’une sociologie catholique dans les années 1880-1920. Acte Recherche Sciences Sociales. 2004, N° 153, pp 28-39.
[31] Cité par Muel Dreyfus. Vichy et l’éternel féminin. Op. cit.
[32] Barrows S. Miroirs déformants.Paris ,Aubier,1990.
[33] Marrus M.R., Paxton R.O. op. cit.
[34] Mayer A.J. La solution finale dans l’histoire. Op. Cit.
[35] Muel Dreyfus F. Vichy et l’éternel féminin. Op. Cit.
[36] Henry O. De la sociologie comme Technologie sociale. La contribution de Jean Coutrot, 1895-1941. Actes Recherche Sciences Sociales. 2004, N° 153, pp 48-64.
[37] Muel Dreyfus F. Vichy et l’éternel féminin. Op. Cit.
[38] Lacroix Riz A. Industriels et banquiers sous l’occupation :la collaboration économique avec le Reich et Vichy.Paris, A.Colin,1999.
[39] Basch Fr. « Le juif paye toujours » in Basch Fr., Crips L.,Gruson P. (ed.) Victor Basch 1863 1944 , un intellectuel cosmopolite. Op. cit.
[40] Reichel P. La fascination du nazisme. Paris, O. Jacob, 1997. Dans un chapitre intitulé Construction et Habitat, P. Reichel montre que les bâtiments du nazisme « voulaient rappeler les villes romaines, les tombeaux des pharaons égyptiens et les temples antiques »… Tout « soulignait l’aspect mystique et sacré du pouvoir d’Etat ».
[41] Canguilhem G. Maurice Halbwachs (1877-1945) . Mélanges,1945,tome V.
[42]
Bourdieu P. L’assassinat de Maurice Halbwachs. Visages de la Résistance.1987,n°16,pp161-168